En 2006, le gouvernement congolais a construit un mausolée de verre et de marbre, d'une valeur de 10 millions de dollars, pour abriter la dépouille du colonisateur français Pierre Savorgnan de Brazza et célébrer son héritage. Cette commémoration extravagante contraste mal avec les appels internationaux à la suppression des monuments commémoratifs célébrant les figures coloniales. Cet article analyse la manière dont les citoyens construisent leurs propres récits pour contester les commémorations coloniales, à travers une étude des perceptions des citoyens du Mémorial Savorgnan de Brazza en République du Congo. L'article interroge la signification de la commémoration coloniale dans un État francophone postcolonial, dans le but de remettre en question les clichés occidentalo-centristes associés à la signification des souvenirs coloniaux. Alors qu'en Occident, l'image de Savorgnan de Brazza reste associée aux clichés du « Sauveur blanc » et du « Bon prophète », pour les citoyens congolais, le monument colonial symbolise plutôt le colonialisme français et ses conséquences persistantes. En recentrant les Congolais et leurs perceptions du mausolée, cette recherche dévoile un récit original de la Françafrique, ou des relations entre les élites françaises et africaines qui rendent possible l'influence continue de la France dans les affaires d'État de ses anciennes colonies.
https://doi.org/10.1093/afraf/adaf006