Face à la convoitise économique et géostratégique que suscite le Golfe de Guinée – région riche en hydrocarbures (50% de la production pétrolière africaine) , en ressources halieutiques (600 000 tonnes/an) et carrefour maritime vital – les Africains du continent et de la diaspora peuvent déployer des stratégies concrètes pour reprendre le contrôle de leur destin. Voici une feuille de route articulée autour de cinq axes prioritaires :
1. *Renforcer la souveraineté économique et industrielle*
- *Valorisation locale des ressources* :
Créer des pôles industriels africains pour transformer sur place les matières premières (pétrole, minerais, produits agricoles) plutôt que de les exporter brutes. Par exemple, développer des raffineries locales comme le fait partiellement le Nigeria, ou des usines de traitement du poisson pour contrer la pêche illégale (responsable de 1,2 milliard d'euros de pertes annuelles) .
*Exemple inspirant* : L'UE a financé des usines de vaccins en Afrique – un modèle à reproduire sans dépendance extérieure.
- *Fonds d'investissement panafricains* :
Mutualiser les capitaux via des outils modernes transparents et efficace de levée de Fonds par financement participatifs des Etat-nations et les populations (proposition inspirée des 150 milliards d'euros de la "Global Gateway" européenne ), en ciblant les infrastructures critiques (ports, énergie) pour réduire la mainmise étrangère.
2. *Sécuriser l'espace maritime et lutter contre les prédations*
- *Coopération régionale renforcée*:
Optimiser l' *Architecture de Yaoundé* (2013) en harmonisant les législations contre la piraterie (135 enlèvements de marins en 2020-2023 ) et en dotant les marines locales de moyens autonomes.
*Action clé* : Créer une force navale commune CEDEAO-CEEAC, financée par une taxe sur les exploitations pétrolières offshore.
- *Surveillance technologique*:
Déployer des drones maritimes et des satellites africains (comme ceux de l'Agence Spatiale Africaine) pour traquer la pêche illégale et les trafics (saisie de 4,6 tonnes de drogue en 2022 ).
3. *Diversifier les partenariats stratégiques*
- *Équilibre géopolitique* :
Tirer parti du multipolarisme (BRICS, Turquie, Inde) pour éviter la dépendance unilatérale. Par exemple, négocier des transferts de technologie en échange de ressources, comme le suggère la critique de l'hyper-impérialisme occidental .
*Piège à éviter* : *Ne pas remplacer la dépendance à l'Occident par celle à la Chine ou à la Russie (dénoncée pour ses mercenaires Wagner)*.
- *Diplomatie économique collective* :
L'Union Africaine devrait parler d'une seule voix dans les négociations commerciales (exemple : rejet des APE déséquilibrés avec l'UE).
4. *Investir dans l'éducation et l'innovation*
- *Formation aux métiers maritimes et énergétiques*:
Créer des académies spécialisées (ex : **Institut Maritime du Golfe de Guinée pour former des ingénieurs, juristes en droit maritime, et experts en cybersécurité.
*Statistique alarmante* : 40% des jeunes Africains sont sous-employés – un gâchis transformable en opportunité.
- *Tech africaine pour l'autonomie* :
Soutenir les startups africaines dans les technologies émergentes( IA, Blockchain, IoT, RV/A, 5/6G, informatique nuagique) énergies renouvelables (solaire offshore, hydrogène vert) pour réduire la vulnérabilité aux fluctuations des hydrocarbures.
5. *Mobiliser la diaspora comme levier d'influence*
- *Réseaux professionnels transnationaux* :
Structurer la diaspora en lobbies capables d'influencer les politiques étrangères (ex : modèle de la Jewish Diaspora).
*Chiffre clé* : Les transferts de la diaspora (100 milliards USD/an) dépassent l'aide internationale – mettre en place les mécanismes et instruments pour les canaliser vers des projets structurants et productifs.
- *Plateformes de plaidoyer* :
Documenter et poursuivre les sociétés prédatrices (comme Shell dans le delta du Niger ) devant les tribunaux internationaux via des collectifs d'avocats africains.
Conclusion : *De la résistance à la renaissance*
Les Africains doivent passer de la dénonciation, plaintes (réseaux sociaux, web médias) à l'action concrète et économique. Cela implique :
- *Un leadership éclairé et actif* : S'inspirer des figures comme Thomas Sankara qui a refusé la dette coloniale.
- *Une unité pragmatique* : Sur le modèle de la ZEE (Zone Économique Exclusive) partagée Nigeria-São Tomé .
- *Un récit panafricain* : Remplacer le discours victimisant par une narration de puissance et d'action, comme le propose l'Alliance des États du Sahel .
*"L'impérialisme ne localise pas ses attaques"* – la réponse africaine doit donc être globale, coordonnée, et intraitable sur la souveraineté, l'Independance, l'autonomie et l'autodétermination du peuple.